Quelques agriculteurs de la région de Sidi-Bel-Abbès, dont MM. Bastide et Chamboulive eurent la judicieuse idée de n'emblaver leurs terres qu'une année sur deux. C'est ainsi qu'après un labour profond, suivi de scarifiages destinés à détruire la végétation parasite qui absorbe l'humidité souterraine, les sols ameublis facilitaient l'infiltration des eaux pluviales et réduisaient leur évaporation. La préparation du lit de semence pendant deux ans permettait d'utiliser, pour une récolte, l'eau de deux années de précipitations. C'était l'assolement biennal avec labour léger immédiatement après la moisson pour enfouir les chaumes des céréales et des plantes parasites. C'est ainsi qu'après la traction animale, b½ufs, chevaux ou mulets, utilisés jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, apparaissaient les tracteurs à chenilles, par la suite montés sur roues ferrés et enfin sur pneumatiques. Comme dans toutes les régions céréalières, la plaine de Sidi-Bel-Abbès, vue du Tessalah, se caractérisait par les grandes tâches de terre brune et nue des « préparés » qui contrastaient avec les verts et les blonds des céréales ondoyant sous le souffle du vent.
Ce type d'assolement nécessitait de grandes surfaces pour un seul emblavement réparti sur deux années de façon culturale. Une récolte, tous les deux ans, sur une même parcelle avec des rendements, certes améliorés, voisins de sept à neuf hectares ne permettaient cependant pas de faire vivre correctement une famille.
C'est ainsi que des agriculteurs originaires des départements viticoles du sud de la France, Haute-Garonne, Aude et Hérault, s'orientèrent très rapidement vers la vigne qui faisait partie intégrante de leurs traditions. En 1900, ils avaient déjà 45 hectares de très jeune vigne donnant 296 hectolitres de vin rouge, soit environ sept hectolitre par hectare. Citons quelques uns de ces viticulteurs : mme Vve Moreau, M.Léon, MM. Auguste Delenne, Chaleu, Giraud, Antoine Robeu, Antoine Fora, Joseph Flantevin, Terrié Francis, Jean Giraud, Mme Vve Antiphon, MM. André Dérolet, Ben Anamou el Nalmen, Jean Fernandez. Avec la généralisation des plantations sur défoncements, les grosses charrues « Fowler » extrayaient de gros morceaux de la croûte qui s'amoncelaient en murs de pierres
de tuf bordant les parcelles de vigne séparées par des chemins bordés d'oliviers avec leurs grosses branches charpentières, largement ouvertes aux rayons du soleil.
A suivre
Extrait de l'Echo de l'Oranie n°321 . Article rédigé par Edgard SCOTTI et Gérard LÉGIER
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